Kind of Blue est entièrement basé sur l'approche
modale contrairement aux précédents travaux de Davis au style davantage orienté
hard bop et sa progression d'accords complexes et basé sur l'improvisation.
L'album est composé comme une série d'« esquisses modales », dans lesquelles
chaque musicien a reçu un ensemble de gammes qui indiquent les principales
caractéristiques de l'improvisation et du style. Ce style contraste avec les
méthodes traditionnelles de composition, consistant à fournir aux musiciens les
partitions complètes ou bien en apportant aux musiciens une progression
d'accords comme c'est souvent le cas pour le jazz d'improvisation.
Une approche modale de ce type n'est pas propre à cet
album. Miles Davis avait déjà utilisé cette méthode sur ses albums Milestones
et Porgy and Bess, sur lesquels il exploite les influences modales pour des
compositions de son collaborateur Gil Evans. À l'origine cette approche
originale est développée en 1953 par le pianiste et écrivain George Russell.
Davis voit dans les méthodes de composition de Russell un moyen de s'écarter
des compositions souvent denses de cette époque, que Davis nomme « épaisses ».
La composition modale avec sa dépendance aux gammes et aux modes, représente
comme le rappelle Davis « un retour à la mélodie ». Davis a perfectionné cette
forme de composition contrairement à la progression d'accords simple qui
prédomine dans le bebop. Dans un entretien en 1958 avec le critique musical Nat
Hentoff de The Jazz Review, il déclare : « Absence d'accord... vous donne
beaucoup plus de liberté et d'espace pour entendre des choses. Lorsque l'on va
dans cette direction, on peut y aller pour toujours. On n'a pas à se soucier
des changements et on peut faire plus avec la ligne [mélodique]. Cela devient
un défi pour voir à quel point on peut être innovant dans la mélodie. Quand on
se base sur les accords, on sait à la fin des 32 mesures que les accords sont
terminés et il n'y a rien d'autre à faire que de répéter ce que l'on vient de
faire - avec des variations. Je pense qu'un mouvement en jazz commence loin de
la série classique des accords... il y aura moins d'accords mais des
possibilités infinies à n'en savoir que faire ».
À propos des instructions donné par Miles aux
musiciens, Bill Evans écrit sur le liner notes du LP : « Miles a conçu ces
paramètres seulement quelques heures avant les dates d'enregistrement. » et
ajoute « tu entendras donc quelque chose proche de la pure spontanéité dans ces
interprétations ». Evans poursuit avec une introduction sur les modes utilisés
dans chacune des compositions de l'album.
Le morceau So What se compose d'un mode basé sur deux
gammes : seize mesures sur la première suivies de huit mesures sur la deuxième,
puis à nouveau huit sur la première3. Le thème de 32 mesures (8 x 2 sur un
accord de ré mineur 7e - un pont de 8 mesures sur mi b mineur 7e - 8 sur ré
mineur 7e) qui se prête bien à l'improvisation modale. La composition
Impressions de John Coltrane est construite sur la même grille harmonique.
Selon George Russell, l'improvisation de Miles Davis sur ce morceau est l'une
des plus parfaites de l'histoire du jazz. Russell a d'ailleurs écrit un
arrangement pour big band de ce solo qu'il a enregistré à plusieurs reprises
avec le Living Time Orchestra.
Le titre suivant, Freddie Freeloader est un standard
blues en Si bémol sur 12 mesures où les deux dernières mesures varient une fois
sur deux, la première étant un La bémol et la seconde le Si bémol.
Blue in Green se compose d'une boucle de dix mesures
après une courte introduction de quatre mesures3.
All Blues est un blues en sol de douze mesures en 6/8.
Le dernier titre Flamenco Sketches regroupe une série
de cinq gammes qui sont chacune jouées « aussi longtemps que le soliste le
souhaite jusqu'à ce qu'il ait achevé la série ». Le morceau est fortement
inspiré par Peace piece (album Everybody Digs Bill Evans, Riverside, 1958), un
morceau de Bill Evans qui repose sur deux accords répétés en boucle. Evans
avait d'ailleurs utilisé cette « boucle d'accords » comme introduction pour la
composition de Leonard Bernstein Some other time (morceau non publié sur
l'album de 58, mais disponible sur des rééditions du disque).
Le liner notes mentionne que Davis est l'auteur de
toutes les compositions de l'album, mais des spécialistes prétendent que Bill
Evans a composé une partie ou l'ensemble des morceaux Blue in Green et Flamenco
Sketches. Bill Evans est donné comme coauteur avec Miles Davis du morceau Blue
in Green qu'il enregistre sur son album Portrait in Jazz. La paternité de Bill
Evans sur ce sujet est reconnue en 2002. La pratique consistant pour le leader
d'un groupe à s'approprier la paternité d'un morceau écrit par un sideman se
présente souvent dans le monde du jazz. Ce fut le cas notamment avec le célèbre
saxophoniste Charlie Parker avec Miles Davis lorsque Parker s'est attribué
l'écriture du morceau Donna Lee, écrit par Davis alors qu'il était employé en
tant que sideman dans le quintet de Charlie Parker dans les années 1940. Le
morceau est devenu plus tard un standard de jazz populaire. Un autre exemple
est l'introduction de So What, attribuée à Gil Evans et qui est étroitement
basée sur les mesures de l'ouverture Voiles (1910) du compositeur Claude
Debussy, le second prélude de son premier recueil de préludesa .
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By late
1958, Davis employed one of the most acclaimed and profitable working bands
pursuing the hard bop style. His personnel had become stable: alto saxophonist
Cannonball Adderley, tenor saxophonist John Coltrane, pianist Bill Evans,
long-serving bassist Paul Chambers, and drummer Jimmy Cobb. His band played a
mixture of pop standards and bebop originals by Charlie Parker, Thelonious
Monk, Dizzy Gillespie, and Tadd Dameron. As with all bebop-based jazz, Davis's
groups improvised on the chord changes of a given song. Davis was one of many
jazz musicians growing dissatisfied with bebop, and saw its increasingly
complex chord changes as hindering creativity.
In 1953, the
pianist George Russell published his Lydian Chromatic Concept of Tonal
Organization, which offered an alternative to the practice of improvisation
based on chords and chord changes. Abandoning the traditional major and minor
key relationships, the Lydian Chromatic Concept introduced the idea of
chord/scale unity and was the first theory to explore the vertical relationship
between chords and scales, as well as the only original theory to come from
jazz. This approach led the way to "modal" in jazz. Influenced by Russell's ideas, Davis
implemented his first modal composition with the title track of his studio
album Milestones (1958). Satisfied with the results, Davis prepared an entire
album based on modality. Pianist Bill Evans, who had studied with Russell but
recently departed from Davis's sextet to pursue his own career, was drafted
back into the new recording project, the sessions that would become Kind of
Blue.
Kind of Blue
was recorded on three-track tape in two sessions at Columbia Records' 30th
Street Studio in New York City. On March 2, 1959, the tracks "So
What", "Freddie Freeloader", and "Blue in Green" were
recorded for side one of the original LP, and on April 22 the tracks "All
Blues" and "Flamenco Sketches" were recorded, making up side
two. Production was handled by Teo Macero, who had produced Davis's previous two
LPs, and Irving Townsend.
As was
Davis's penchant, he called for almost no rehearsal and the musicians had
little idea what they were to record. As described in the original liner notes
by pianist Bill Evans, Davis had only given the band sketches of scales and
melody lines on which to improvise.[7] Once the musicians were assembled, Davis
gave brief instructions for each piece and then set to taping the sextet in
studio. While the results were impressive with so little preparation, the
persistent legend that the entire album was recorded in one pass is untrue. Only "Flamenco Sketches" yielded a
complete take on the first try. That take, not the master, was issued in 1997
as a bonus alternate take. The five
master takes issued, however, were the only other complete takes; an insert for
the ending to "Freddie Freeloader" was recorded, but was not used for
release or on the issues of Kind of Blue prior to the 1997 reissue. Pianist
Wynton Kelly may not have been happy to see the man he replaced, Bill Evans,
back in his old seat. Perhaps to assuage the pianist's feelings, Davis had
Kelly play instead of Evans on the album's most blues-oriented number,
"Freddie Freeloader". The live
album Miles Davis at Newport 1958 documents this band. However, the Newport
Jazz Festival recording on July 3, 1958, reflects the band in its hard bop
conception, the presence of Bill Evans only six weeks into his brief tenure in
the Davis band notwithstanding, rather than the modal approach of Kind of Blue.
Kind of Blue
is based entirely on modality in contrast to Davis's earlier work with the hard
bop style of jazz and its complex chord progression and improvisation. The
entire album was composed as a series of modal sketches, in which each
performer was given a set of scales that defined the parameters of their improvisation
and style. This style was in contrast to
more typical means of composing, such as providing musicians with a complete
score or, as was more common for improvisational jazz, providing the musicians
with a chord progression or series of harmonies.
Modal jazz
of this type was not unique to this album. Davis himself had previously used
the same method on his 1958 Milestones album, the '58 Sessions, and Porgy and
Bess (1958), on which he used modal influences for collaborator Gil Evans's third
stream compositions. Also, the original
concept and method had been developed in 1953 by pianist and writer George
Russell. Davis saw Russell's methods of composition as a means of getting away
from the dense chord-laden compositions of his time, which Davis had labeled
"thick." Modal composition, with its reliance on scales and modes,
represented, as Davis called it, "a return to melody." In a 1958
interview with Nat Hentoff of The Jazz Review, Davis elaborated on this form of
composition in contrast to the chord progression predominant in bebop, stating
"No chords ... gives you a lot more freedom and space to hear things. When
you go this way, you can go on forever. You don't have to worry about changes
and you can do more with the [melody] line. It becomes a challenge to see how
melodically innovative you can be. When you're based on chords, you know at the
end of 32 bars that the chords have run out and there's nothing to do but
repeat what you've just done—with variations. I think a movement in jazz is
beginning away from the conventional string of chords... there will be fewer
chords but infinite possibilities as to what to do with them."
As noted by
Bill Evans in the LP liner notes, "Miles conceived these settings only
hours before the recording dates." Evans continued with an introduction
concerning the modes used in each composition on the album. "So What"
consists of two modes: sixteen measures of the first, followed by eight
measures of the second, and then eight again of the first. "Freddie
Freeloader" is a standard twelve-bar blues form. "Blue in Green"
consists of a ten-measure cycle following a short four-measure introduction. "All Blues" is a twelve-bar blues
form in 6/8 time. "Flamenco Sketches" consists of five scales, which
are each played "as long as the soloist wishes until he has completed the
series".
Liner notes
list Davis as writer of all compositions, but many scholars and fans believe
that Bill Evans wrote part or the whole of "Blue in Green" and
"Flamenco Sketches". Bill Evans assumed co-credit with Davis for
"Blue in Green" when recording it on his Portrait in Jazz album. The
Davis estate acknowledged Evans' authorship in 2002. The practice of a band
leader's appropriating authorship of a song written by a sideman occurred
frequently in the jazz world, as legendary saxophonist Charlie Parker did so to
Davis when Parker took a songwriting credit for the tune "Donna Lee",
written by Davis while employed as a sideman in Charlie Parker's quintet in the
late 1940s. The composition later became
a popular jazz standard. Another example is the introduction to "So
What", attributed to Gil Evans, which is closely based on the opening
measures of French composer Claude Debussy's Voiles (1910), the second prelude
from his first collection of preludes.
Courtesy of en.wikipedia.org
https://en.wikipedia.org/wiki/Kind_of_Blue
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